
Ce matin, Nicolas Hulot, ministre d’État de la transition Ecologique et Solidaire, a fait le choix de démissionner en direct. Comme toute une génération, Nicolas Hulot m’a fait parcourir le monde, sa beauté et sa diversité et, alors que j’étais un jeune citoyen, a contribué à l’éveil de ma conscience écologique… Elu Député, j’ai eu l’honneur depuis 15 mois de travailler régulièrement à ses côtés, en qualité de Vice-président de la Commission Développement Durable.
Un bilan et une philosophie de l’action en héritage Son choix d’entrer en politique, longtemps repoussé, a été courageux.
Nicolas Hulot a mené en peu de temps des combats victorieux : Notre Dame des Landes, fin de l’exploitation des hydrocarbures, le lancement du plan sur la biodiversité, le développement de l’économie circulaire, la sortie du glyphosate sous 3 ans… La liste est longue et sans lui, nombre de ces décisions importantes n’auraient pas été prises dans un contexte toujours complexe, au coeur d’enjeux contradictoires, conciliant son attachement à ses convictions et son sens des responsabilités nationales.
Au cours de ces 15 mois, j’ai surtout été marqué par sa « philosophie de l’action ». Nos échanges ont été marqués par sa capacité à toujours conserver une vision globale des enjeux, à toujours élever le débat et à toujours garder intacte sa volonté farouche de faire avancer la question environnementale dans notre pays.
Avoir Nicolas Hulot au Gouvernement était une chance non pas pour ma majorité politique mais pour notre pays, nos enfants et notre planète !
Préférer la complexité de l’action à une confortable posture militante
Dans ce travail difficile, que peu d’hommes ou de femmes auraient su mener à bien, je ne peux que dénoncer, comme je l’ai déjà fait il y a quelques mois, tous ceux qui, pétris de postures médiatiques et d’arrières pensées politiques, depuis des mois lui demandent de démissionner. Dès ce matin, j’ai entendu à la radio ces mêmes prétendus écologistes qui se réjouissaient de cette démission, louant ainsi une soi-disant liberté de parole retrouvée et oubliant la perte d’une capacité d’action ! Pour eux, l’écologie politique se cantonne à une position de militants d’opposition, prompts à dénoncer et peu à proposer... Nous pouvons constater les dégâts que cela a pu faire depuis 50 ans.
Cette démission intervient également le jour des annonces sur la réforme de la chasse que je suis attentivement en qualité de co-président du groupe « Chasse et territoires » de l’Assemblée. Cette collision d’agenda fait prêter à ces mêmes « commentateurs inactifs de l’action des autres », toujours friands de mettre en scène des oppositions et des tensions, un raccourci facile entre cette démission et les accords équilibrés trouvés entre le Gouvernement, et donc Nicolas Hulot, et le monde de la chasse. Il n’en est rien… Ce serait beaucoup d’honneur fait aux chasseurs de lier la démission d’un ministre d’État aux accords trouvés sur leur passion, alors que les véritables enjeux sont ailleurs. Cette « feuille de route », qui fera surement l’objet de débats ultérieurs, donne au contraire une illustration de la philosophie qu’a cherché à promouvoir M. HULOT : mettre tous les acteurs de la Nature autour de la table, passer au-dessus des différends et chercher une solution commune au bénéfice de tous et de l’environnement.
« Poursuivons notre tâche » Dès demain, sans regret et sans rancune, nous devrons poursuivre notre tâche pour répondre aux défis de l’avenir des générations futures : sur le nucléaire, sur les pesticides, sur la ressource en eau, sur la biodiversité, sur l’artificialisation des sols, et plus globalement sur notre mode de vie au XXIe siècle…
Autant de domaines dans lesquels M HULOT a commencé à tracer des pistes que notre majorité devra poursuivre.
Que son exigence nous inspire, qu’elle nous aide à prendre de la hauteur en conciliant encore et toujours notre éthique de conviction et notre sens des responsabilités nationales. L’avenir de nos enfants mérite mieux que des clichés vendeurs et des raccourcis populistes. Nicolas Hulot à la difficile place qui était la sienne en a fait les frais. En cela je comprends et respecte sa démission.
De mon côté, et je n’en doute pas avec mes collègues de la majorité, je vais continuer à mener le combat difficile mais prioritaire pour la transition écologique à la place qui est la mienne… Et aux « y’a qu’à, faut qu’on », je ferais mienne cette réponse de Nicolas Hulot : « Il faut arrêter de céder à la simplicité, de donner des conseils à distance […] dans le confort des postures militantes "…